JOX, Joxifications (1982)

 

JOX GROUPE

L'album « Joxifications » de Jox sorti en 1982 bénéficie sur le net de plusieurs articles assez élogieux cependant aucun d'entre eux n'a jusqu'ici apporté le moindre renseignement sur le groupe.

Après pas mal de recherches j'ai réussi à contacter Jean-François Quichon qui en était le guitariste.

Aussi je tiens à le remercier personnellement d'avoir accepté de partager l'histoire de ce groupe resté trop longtemps mystérieux.


Jox : Thierry Flajoliet (flûte irlandaise, hautbois, guitare électrique, chant) , Jean-Michel Grosgurin (piano, synthétiseur, chant), Jean-Claude Larrieu (basse, chant) et Jean-François Quinchon (guitare électro acoustique, 12 cordes, chant).

 

JOX THIERRY FLAJOLIETJOX JEAN MUCHEL GROSGURIN
JOX JEAN CLAUDE LARRIEUJOX JEAN FRANCOIS QUINCHON

Makhno : Comment s'est formé le groupe ? 

Jean-François Quinchon : En 1980, on était quatre élèves ingénieurs de l'école Polytechnique de Palaiseau. On a créé le groupe Jox pour la durée de la scolarité, soit deux ans. L'album est le fruit d'un travail collectif durant cette période. Au départ, c'était uniquement pour le plaisir de faire de la musique ensemble. Même si on avait tous les quatre une formation très classique (ce qui se sentira dans l'évolution du groupe) on avait dans l'idée de faire du folk progressif.

M: D'où vient le nom de Jox ?

JF :Une simple proposition adoptée par le groupe, mais qui n'a aucune signification particulière.

M:Le groupe a t-il fait des concerts et quelles étaient ses influences ?

JF : On a commencé à faire les concerts des élèves de l'école. On a également joué au Point Gamma qui est un gala annuel de l'école polytechnique de Palaiseau. On reprenait des titres de Tri Yann et d'autres groupes du genre sur lesquels on faisait nos propres arrangements.

Plusieurs membres du groupe connaissaient très bien la musique de Genesis et de Steve Hackett. On a d'ailleurs  joué deux pièces de Genesis. En tant que guitariste classique, j'ai aimé reprendre « After the Ordeal » de l'album « Selling England by the Pound » avec le solo de hautbois derrière.

M: Pourquoi n'y a t-il pas de batteur dans le groupe, est-ce un choix ?

JF : Non ça n'est pas par choix. On aurait aimé trouver un batteur, mais il en fallait un qui sache lire la musique car toutes nos musiques sont écrites de façon manuscrite sur des partitions et on  n'a pas trouvé ce type de batteur au sein de l'école . Il y a juste un morceau « Effervescence » sur lequel on a rajouté une batterie électronique.

M: Comment a évolué la musique du groupe ?

JF : Thierry Flajoliet avait un niveau de hautboïste professionnel et Jean-Michel Grosgurin un niveau de piano très élevé. Tous deux avaient une capacité d'écriture musicale assez extraordinaire, ce qui nous a permis d'évoluer du folk progressif à une forme de musique classique sur des instruments modernes.

Le morceau « Secondes noces » est issu d'un premier « Noces », inspiré d'une vieille chanson française, dont les thèmes musicaux entre les couplets avaient été écrits par Thierry. La durée de cette pièce approchait les 20 minutes et par conséquent était trop longue pour être mise sur le disque. C'est Jean-Michel qui a su en faire un superbe arrangement et des transitions pour conserver les thèmes initiaux de Thierry.

 Chaque titre a demandé beaucoup de travail.

Quand Thierry m'a donné la partition de « Millésime 80 » j'ai découvert les arpèges de style picking que je n'avais jamais utilisés en tant que guitariste classique et comme il fallait une guitare électro acoustique j'ai acheté une Ovation . C'était la seule marque à l'époque qui commençait à commercialiser ce genre de guitare.

Au début Certains morceaux que l'on travaillait ensemble n'étaient pas écrits. Ils l'ont été par la suite pour les conserver; c'est le cas du titre « Métig » où l'on perçoit sur certains passages une part d'improvisation.

M: Comment est venue l'idée de l'album ?

JF : Au bout d'un an, sachant qu'il ne nous restait plus qu'une année ensemble, on a eu la réflexion « et si on faisait un disque ». L'idée ayant été adoptée, la seconde année a été consacrée à la préparation de ce disque.

M: Comment s'est passé l'enregistrement ?

JF : On a auto-produit notre album et les sessions d'enregistrement ont été faites en mars 1982 dans les studios Sextan à Malakoff. Comme on n'avait pas beaucoup d'argent, on a enregistré l'album en une semaine et pris quelques jours de plus pour le mixage .

On avait beaucoup travaillé en amont pour savoir comment on allait enregistrer nos parties respectives les uns après les autres. Quand on est arrivé en studio les gars nous ont laissé faire comme on le souhaitait.

Après, pour le mixage, il y avait un boulot de pro énorme et s'il n'est pas complètement réussi comme on le voulait, c'est uniquement par manque de moyens financiers.

Le son de « Projet pour une balade sur les cimes » écrit par Thierry nous a un peu déçu, en plus Thierry n'était pas du tout satisfait du son de sa guitare électrique.

L'enregistrement des voix a aussi été une épreuve car, même si on avait la chance d'avoir de bons chanteurs dans le groupe, notamment  Jean-Claude Larrieu, chanter juste naturellement n'est déjà pas simple et demande beaucoup de travail, mais en plus avec un casque sur la tête, cela devient compliqué. Aussi, on a tous choisi de mettre le casque uniquement sur une oreille et de se servir de l'autre pour s'écouter.

Le travail de studio a été une très belle expérience. 

JOX ALBUM AVANTJOX ALBUM DOS
JOX ALBUM INT1JOX ALBUM INT2

M: Et après l'enregistrement ?

JF : On a fait notre propre concert à l'école pour la sortie du disque et cela n'a pas été plus loin .

Après ces deux ans de scolarité on s'est assez rapidement perdu de vue.

M:Une conclusion ?

JF : S'il reste de bons souvenirs de l'école Polytechnique c'est la musique, le groupe et aussi une certaine fierté pour l'album.

M: Merci mille fois Jean-François pour votre gentillesse , pour toutes les informations et les documents fournis. Jox a désormais un visage.

L'album de Jox fait partie de ces perles françaises produites dans les années 80 au même titre qu' Oniris ou Ada le Fol.

Un must à écouter. 


 

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FIN

à Jean-Bernard

STAFF, Juste partir ailleurs (1987), Civilisé (1990)