MASK, En concert (1989)

Destination Paris pour découvrir ou redécouvrir le groupe Mask grâce à Didier Delaine qui en était le chanteur.

L'histoire débute en 1984 avec la rencontre entre Didier Delaine (auteur compositeur) qui est en train de monter une comédie musicale « Delaine et ses baskets » en relation avec les Tréteaux de France et le guitariste punk Jacky Novikoff (compositeur) qui à l'époque joue dans un groupe (guitare/batterie) nommé « Duel ». L'alchimie se crée malgré les différences musicales et ce nouveau duo va se mettre à composer et monter un premier groupe les « Princes de Rades » rejoint par Pascal Porot (bassiste) et un premier batteur (d'autres suivront) avant l'arrivée du batteur Claude Gelly . Le groupe prend le nom de Mask en raison de son intérêt pour le mouvement allemand Bauhaus et pour le groupe du même nom dont l'album « Mask » sort en 1981.

Les répétitions sérieuses commencent au rythme de cinq par semaine dont le samedi toute la journée dans un box loué dans l'emblématique « Parking 2000 » situé au 24 rue de Crimée à Paris (19e) ou le quatrième sous sol est transformé en locaux de répétitions pour un paquet de groupes (Parabellum, les Porte Mentaux, les Innocents …).

Les concerts commencent et les compositions vont devenir plus complexes ( un titre comme « Un enfant qui pleure » de plus de 10mn sera mis au point de 1986 à 1990). Avec ses textes à la fois moins directs et plus cachés mais traitant de sujets analogues aux groupes de copains jouant dans les bars du Paris bar rock, Mask tout en suivant un chemin parallèle fera parti du mouvement sans jamais jouer dans les mêmes lieux. 

Affiche avec le logo de Mask s'inspirant de celui du Bauhaus de 1922

Les concerts s'enchaînent au Gibus, à l' Elysée Montmartre, au Zénith, au New Moon (qui deviendra le QG du groupe réputé comme grand consommateur de bière) mais aussi en province.

Petite anecdote de Didier.

« On avait été invité par une boite de nuit dans une station de ski à venir jouer pendant trois jours. L'erreur du patron de la boite a été de dire « vous consommez ce que vous voulez » et il nous a viré le lendemain en nous disant « vous avez liquidé mon bar alors qu'il n'y avait presque personne dans la salle ». Cependant le peu de gens présents dans la salle qui nous avaient bien appréciés ont rameutés tous les gens qu'ils connaissaient et patron nous a rappelé le lendemain soir en toute urgence en s'excusant alors qu'on était en train de partir car la salle était pleine et qu'il devait refuser du monde. L'ambiance était vraiment super. Du coup on lui a vidé son bar pendant trois jours ».

Un manager (tâche occupée jusque là par Didier Delaine) va alors prendre en main le groupe et le forcer à participer à un maximum de tremplins. Les victoires vont s'enchaîner jusqu'à celle des découvertes du Printemps de Bourges en 1990.

Mask signe avec le label Comotion (Les Porte Mentaux / Guesch Patti/ Bashung / Affaire Louis Trio) qui va malheureusement s'arrêter peu de temps après.

La victoire au Printemps de Bourges offre au groupe une grosse tournée mais malheureusement le bassiste ainsi que le batteur ne tiennent pas une grande forme à ce moment là et ne peuvent pas l'assurer. Ce contretemps va provoquer le split du groupe malgré une proposition de signature chez EMI déclinée en raison de la situation.

L'ALBUM

Dider Delaine (chant), Jacky Novikoff (guitare), Pascal Porot (basse) et Claude Gelly (batterie).

A l'époque les frais de studio coutaient une blinde et le groupe connaissait bien les gens du chäteau d'Hérouville (dont le matériel d'enregistrement avait été transféré à Auvers sur Oise aux studios Couleurs) et surtout son directeur Laurent Thiebault qui les avait repéré et qui avait déjà fait des sessions d'enregistrement avec Jacky Novikoff présent sur l'album d'Alain Kan « Parfums de nuit ».

Les titres de l'album ont été enregistrés pour une partie en concert (New Moon et Elysée Montmartre) et pour l'autre partie en studio (live mais sans public) sur un 8 pistes et mixés aux studios Couleurs sur un 32 pistes Mitsubishi. Les bandes son public rajoutées viennent de certains autres concerts du groupe qui pour ironiser sur le terme « en concert » a voulu que les mêmes passages d'applaudissements soient utilisés sur plusieurs titres.

L'album « En concert » auto-produit pressé à 5000 exemplaires sort en 1989.

 

 

Didier Delaine et Jacky Novikoff décident de remonter un groupe et de se lancer dans la musique électronique. Le groupe travaille sérieusement et les compositions intéressent pas mal de monde mais le temps passe et Didier part comme assistant arrangeur et Jacky reprend la guitare au sein de plusieurs groupes de rock.

Didier se lance dans la composition d'un album solo de world électronique rock' n' roll (aidé par Jacky à la guitare) qui ne verra pas le jour puis met la musique de coté à partir de 1997. En 2000 il se lance dans la musique de film avec sa compagne qui est réalisatrice puis passe au journalisme à partir de 2016.

Jacky Novikoff est malheureusement décédé.

De cette épopée il ne reste que la vidéo ci-dessous enregistrée au Rex pour l'émission « Lunettes noires pour nuits blanches » de Thierry Ardison qui suivait le groupe régulièrement et deux photos dans le livre de Raphaël Rinaldi « Paris New Moon Paris ».

 

 

Toutes les autres archives de Didier Delaine ont été partiellement détruites dans un incendie puis le reste, stocké dans un box, dérobé lors d'un cambriolage plus tard.

Si certains d'entre vous possèdent des documents sonores ou des images du groupe merci de bien vouloir me l'indiquer dans les commentaires car elles seront les bienvenues.

Si l'histoire du New Moon et de la place Pigalle en général vous intéresse je vous recommande grandement le livre de David Dufresne « New Moon café de nuit joyeux ». 

Merci mille fois Didier pour tous les informations que tu m'as fourni pour réaliser cette chronique et partager l'histoire de Mask avec des passionnés de rock français. 

Une bien belle galette de rock à déguster avec délectation.

Makhno