ANGEL EROS, Y'a pas d'erreur (1995)

ANGEL EROS GROUPE


Puisqu'on est à Clermont-Ferrand pourquoi ne pas prolonger le séjour avec Angel Eros un autre groupe du cru.

Marie Gourinal (chant, basse), Florence Baratoux (guitare, chant), Bruno Perrin (sax) et Jean-Marc Mailhot (batterie).

Tirée de l'excellent livre de P. Foulhoux " Une histoire du rock à Clermont-Ferrand " sorti en 2013 voici l'histoire de cet excellent groupe racontée par Marie Gourinal.

J'étais la gamine qu'on faisait monter sur la table pour chanter pendant les repas de famille. J'ai été à l'école chez les sœurs jusqu'à dix-sept ans, à l'Institution Monanges, parce que ma mère y était cuistot. J'ai fait partie de la chorale pendant dix ans. Jusque-là, je me suis sagement consacrée à mes études. Ensuite, je suis entrée à Blaise-Pascal dans un lycée de garçons. Ça a changé mon univers.

On était rebelles, on avait de grandes idées. J'écoutais Dylan, Simon & Garfunkel. J'étais engagée, pacifiste. C'était entre 1976 et 1978. Je passais des heures avec mon électrophone. J'essayais de traduire les textes pour comprendre. J'étais portée sur les choses mélodiques. J'ai toujours eu une culture française avec Trenet, Montand, Ferrat, mais j'aimais aussi l'anglais. C'était l'âge qui voulait ça, la période " Peace & love ". On en était encore à Mai 68. J'étais très romantique.

J'ai commencé à aller voir des concerts avec les garçons du lycée. Pour AC/DC à Aulnat, je me suis fait marcher dessus, je suis tombée dans les pommes. Je me suis retrouvée en coulisses avec le masque à oxygène. Pour Kiss, on était tous maquillés. On rentrait dans le vif du sujet à ce moment-là.

Je fréquentais assidûment le Phidias. Un jour en 1982, j'y ai rencontré Florence qui venait de Toulon.Elle jouait de la guitare. Elle cherchait un groupe. J'étais avec mon copain qui était guitariste. Il lui a proposé de passer à la répète.

A ce moment-là, je me contentais de rester assise dans un coin à attendre que la répétition se termine. Mon copain n'aimait pas ma voix.

Il trouvait que je chantais mal. A la fin de la répétition, Florence m'a dit que je chantais bien mieux que lui ne jouait de la guitare. Elle m'a proposé de monter un groupe.

On a commencé toutes les deux. Il a donc fallu que je me mette à la basse. On a composé immédiatement. On a trouvé un batteur et on a commencé à répéter dans une salle à Saint-Jacques. On a fait notre premier concert aux Tanneries à Riom pour la fête de la musique. On était tellement stressés que deux jours avant, le batteur s'est cassé le poignet en tombant du lit en rêvant qu'une locomotive lui passait dessus (rires). On a trouvé un batteur pour le remplacer au pied levé. On s'appelait Eros, du nom de notre chat. J'avais écrit une chanson qu 'appelait "Eros The Cat".

Les concerts se sont enchaînés. Les musiciens se sont succédé. Un jour, on a rencontré Jean-Marc Mailhot qui connaissait un saxo, Bruno Perrin. C'est avec cette formation qu'a vraiment démarré Angel Eros. On beaucoup joué, beaucoup tourné. C'était courageux de la part de Jean-Marc et de Bruno de jouer avec nous. C'étaient des musiciens jazz reconnus et nous, on était débutantes.

On a fait un premier 45 tours enregistré à Riom. On a fait le Printemps de Bourges en 1988, ce qui nous a permis de faire un album. Pour les sélections du Printemps de Bourges, j'étais enceinte de sept mois, la basse était à l'horizontale. Et à Bourges, ma fille avait trois mois, je l'allaitais. On y était en famille, entassés dans le C25. L'Auvergne était encore très enclavée. Du rock qui venait d'Auvergne, ça faisait sourire. Quand le lendemain on lisait dans le journal qu'on avait été le meilleur groupe de la journée, on été fiers. Les gens nous on regardé différemment tout à coup.

Bourges ne nous a pas apporté grand chose si ce n'est de trouver un peu plus de dates. On a fait une tournée dans les Alpes notamment. On a joué dans une boite de nuit connue où on était payés en liquide. le patron nous a refilé un faux billet de cinq cents francs chacun. On devait faire le plein avant de partir, le pompiste n'a pas voulu de notre argent. On est retournés voir le brave homme qu'on a un peu menacé.

Vu qu'on était deux filles, ça à été une levée de boucliers. Forcément, une nana, c'était incapable de faire de la musique. Encore moins du rock. On avait une couleur assez funk rock. Fallait que ça groove. Avec Florence, on jouait aussi avec John Brassett dans Johnny Blues Bandit, on avait aussi cette influence blues. Pour la scène rock pure et dure, on faisait figure d'exception. On était un groupe mixte qui mélangeait les musiques. On était en avance sur notre temps. Ensuite, je me suis consacrée ou chant. Claude Dupont est arrivé à la basse et Philippe Brun aux percus.

A Clermont, il y avait un microcosme masculin hyper sexiste. On devait continuellement se battre. Certaines personnes nous faisaient quand même confiance comme Philippe Grand ou Pocoloco qui, sous son air bourru, adorait ce qu'on faisait. Du coup, on y jouait quasiment tous les mois. Les gens avec les oreilles ouvertes, il n'y en avait pas beaucoup. On n'était pas trop bien vus. Il a quand même fallu qu'on attende 1992 pour jouer à Rock au Max.

Ça nous faisait sourire. Ça ne nous atteignait pas vraiment. On faisait notre petit bonhomme de chemin. On a fait de belles premières parties comme Thiéfaine, Gold, Axel Bauer. C'était des concerts qu'on trouvait par nous-mêmes. On ne pouvait pas compter sur le milieu rock clermontois.

On avait un public assez fidèle qui nous a suivi pendant les dix ans qu'a duré le groupe. On avait plutôt un public masculin. Les filles étaient un peu sur la défensive. On empiétait sur les plates-bandes des garçons. Il y avait une petite jalousie.

Au bout de dix ans, j'en ai eu marre. Ça a bien marché de 1987 à 1992. Plus qu'un groupe, nous étions amis. Mais on ne faisait pas assez de dates pour être intermittents. Jean-Marc Mailhot a commencé à faire du bal en complément. Il a dû faire un choix à un moment. Il a privilégié le bal pour assurer son intermittence. Ça a brisé quelque chose. Il y a eu des changements de personnels, l'ambiance a changé ou sein du groupe. J'ai décidé d'arrêter. Comme j'étais auteur-compositeur interprète, c'était la fin d'Angel Eros.

Faire du rock, c'est une forme d'engagement. Sinon, on fait de la variété. Dans "Y'a pas d'erreur", je disais "Y'a pas d'erreur, on est fait pour le bonheur, mais y'en a peu qui ont trop et trop qui n'ont pas assez".

C'était une belle époque, on s'est bien amusés. Je continue à faire de la musique, je fais du spectacle de rue avec mon mari.

 

ANGEL EROS CONCERT
première partie de Thiéfaine 11/08/90

ANGEL EROS 45T
1er 45t (Négatif : White city) de 1988

ANGEL EROS AVANTANGEL EROS DOS
ANGEL EROS INTANGEL EROS BACK

Un album de rock alternatif funky très original alternant des titres en anglais et en français.

La voix de Marie Gourinal fait un peu penser à celle d'Isabelle Voisin du groupe "10 Petits Indiens".

Bonne écoute

Makhno

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