THE DICE, Broken rules (1981)

 

THE DICE GROUPE

THE DICE

Pas mal de musiciens de grande qualité se retrouvent pour l'enregistrement de l'album " Broken rules " datant de 1981, mais au lieu de palabrer je vous laisse lire l'excellente chronique qui suit, réalisée par Marco Stivell suite à un entretien avec Jean-Michel Devlin (chanteur du groupe).

Vous pouvez naturellement aller la retrouver directement sur le site de Forces Parallèles.

" Après la dissolution du groupe mythique d'Alan Stivell en 1975, le claviériste Pascal Stive a un peu continué conjointement avec certains de ses petits camarades dans le domaine du folk-rock celtique par le biais des groupes Ys puis Keris, avant d'abandonner totalement le genre. Il se consacre alors de plus en plus à la composition et aux arrangements de nombreuses chansons (souvent publiées en 45 tours) de nombreux et divers artistes de variété (Alain Brice, puis beaucoup plus tard Marc Lavoine pour "Elle a les Yeux Révolver", ou Rose Laurens pour "Africa"...), mais aussi à l'illustration sonore, notamment pour des films pubicitaires. C'est dans ce contexte qu'il se lie d'amitié avec certains de ses collaborateurs, à savoir Jean-Michel Devlin, Marc Miller, Bruno Lambert et Bart Poloch. Certains ont pris des pseudonymes, sont producteurs et compositeurs, directeurs artistiques ou ingénieurs du son, mais tous sont également chanteurs et musiciens. En comptant l'épouse de Pascal, l'irlandaise Elaine Rowan, ils décident de former un groupe ensemble en cette fin d'années 70. Ainsi naît THE DICE. Je dois préciser que étant donné le strict minimum que l'on trouve sur Internet au sujet de ce groupe, toutes ces informations (et les suivantes, en dehors de l'appréciation musicale) m'ont été gracieusement données par Jean-Michel Devlin himself, j'en profite donc pour le remercier encore une fois.

La formule de THE DICE repose sur les paroles d'Elaine Rowan
(Mme Stive) et les compositions de Pascal Stive, Bart Poloch et Jean-Michel Devlin, puis pour la "forme", sur un groupe essentiellement vocal, enrichi d'apports extérieurs. Pascal Stive est le seul à jouer de son instrument (les claviers donc) mais fait tout de même appel à ses amis Celmar Engel et Roland Romanelli pour certains "ornements". Les membres de THE DICE étant perfectionnistes et considérant leur niveau instrumental trop modeste, ils font appel à des virtuoses comme Patrice Tison côté guitare, ou les frères Georges et Michel Costa sur le plan vocal, chacun se révélant d'un soutien indéniable et apportant sa pierre à un édifice déjà bien solide.

Il faut dire que Broken Rules, le premier album, a été précédé de la sortie du single "Loaded Dice", avec sur la pochette l'idée de la piscine vide qui sera reprise pour le clip. Cette chanson est à elle toute seule représentative de l'esprit THE DICE et en même temps du talent du groupe. La voix si forte et particulière de Jean-Michel Devlin résonne pour la première fois en cette année 1980, de manière captivante, tout comme l'emballage musical qui l'accompagne : des paroles et une musique efficaces, un refrain qui se retient immédiatement, des choeurs bien marqués, une batterie juste et une ligne de basse entêtante. Cette chanson reste le fer-de-lance du groupe, ceux qui étaient présents depuis le début des radios libres à l'époque s'en souviennent encore...

Les morceaux de Broken Rules ont été écrits en l'espace de sept mois et, chose amusante, dans le sous-sol de la maison de Bart Poloch, à deux pas de l'aéroport d'Orly, ce qui signifiait une interruption totale à chaque passage d'un avion. Si "Loaded Dice" est le single porteur du disque, il est impossible d'écouter cet ensemble de dix titres en passant à côté de sa musicalité, ou de, même sans accorder une certaine attention, ne pas sentir son oreille interpelée par telle ou telle mélodie, tel ou tel refrain... Broken Rules, bien qu'ayant bénéficié d'un certain soutien publicitaire et même en dehors du territoire français, reste un mystère laissant derrière lui un tas de questions du style "Comment se fait-il que ça n'ait pas marché ?" Le son et la production sont à rapprocher de ceux des albums de The Police pré-Synchronicity, même si le genre est autre et la qualité cependant mieux répartie et plus homogène. La rythmique groovy (cette basse !), les guitares tour à tour clean et délicieusement acérées, les voix toujours précises (avec une prononciation de l'anglais impeccable), tout participe à cette époustouflante efficacité. Même un titre à l'humeur disparate tel que "Funny People" (curieusement choisi en tant que face b de "Loaded Dice") fait toujours son effet, ne serait-ce que pour sa rythmique à la Stewart Copeland et la présence habituellement trop peu mise en avant de Elaine Rowan... Et alors que dire de ce "Lifeline" puissant qui sonne tel un hymne capable de détrôner facilement le pourtant génial "Loaded Dice" ? De manière globale, et même si Poloch s'en tire très bien aussi (parmi celles qu'il chante, le gai "It's your Money I Love" reste la meilleure), ce sont les chansons interprétées par Devlin ou celles auxquelles il participe qui font le plus d'effet : "Lifeline", "Hooker", "Walking on Ice" - et son refrain léger que Devlin vient ponctuer avec caractère -, "Loaded Dice" et enfin le très beau "Danger Warning", porté par l'accordéon de Roland Romanelli et des notes de synthétiseur qui lui donnent un côté evanescent. Pascal Stive se réserve aussi en lead vocals le quasi-twist "Terrified", seul titre sur lequel les voix et instruments (parmi lesquels le piano) s'emballent vraiment.

Broken Rules est un de ces albums qu'on ne peut qu'admirer. Bien que n'étant pas révolutionnaire (ce dont on se fiche pas mal en fait), quel potentiel ! Quel talent ! Et puis quelle capacité à coller avec son époque en en retenant le meilleur ! Sachant que THE DICE a réalisé deux uniques albums (et albums uniques) de la même portée, on sait à quoi s'attendre avec le suivant.
"

THE DICE AVANTTHE DICE DOS

THE DICE INT1THE DICE INT2



Pour de plus amples renseignements, notamment sur Bart Poloch, vous pouvez en trouver dans la chronique sur le groupe Marathon que j'avais réalisée suite à un entretien avec Pierre Chérèze (guitariste du groupe).

 

 

Bien évidemment je partage entièrement l'avis de Marco Stivell sur la qualité de cet album et j'espère qu'à votre tour vous saurez l'apprécier tout autant.

Bonne écoute

Makhno

Commentaires

articles les plus consultés

FIN

à Jean-Bernard

STAFF, Juste partir ailleurs (1987), Civilisé (1990)